Mary Ann Shaffer & Annie Barrows – Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates

4e de couverture :

Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d’un inconnu, un natif de l’île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné, délicieusement excentrique ; celui d’un club de lecture au nom étrange inventé pour tromper l’occupant allemand : le « Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates ».  De lettre en lettre, Juliet découvre l’histoire d’une petite communauté débordante de charme, d’humour, d’humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey…

~

Je me demande comment cet ouvrage est arrivé à Guernessey. Peut-être les livres possèdent-ils un instinct de préservation secret qui les guide jusqu’à leur lecteur idéal. Comme il serait délicieux que ce soit le cas.

Tout débute par une lettre que reçoit Juliet Atson d’un certain Dawsey Adams, originaire de l’île de Guernesey. Ce dernier lui écrit car il possède un ouvrage de Charles Lamb ayant appartenu à la jeune femme et souhaite lire d’autres ouvrages de cet auteur. Cette lettre sera le point de départ d’une correspondance où de belles amitiés vont se former. Au fil des échanges, Dawsey évoque un cercle littéraire au nom curieux : « le Cercle littéraire des amateurs de la tourte aux épluchures de patates ». Créé sous l’occupation allemande, ce cercle n’était au départ qu’un moyen de tromper l’ennemi. Afin de rendre crédible ce club de lecture, les membres ont dû rassembler des livres, les lire et en discuter. C’est alors qu’ils ont découvert des auteurs comme Jane Austen, Dickens, Shakespeare, les soeurs Brontë ou encore Sénèque.

Au début, je n’ai pas aimé Les Hauts de Hurlevent, mais à la minute où le spectre de Cathy s’est mis à gratter la vitre de ses doigts osseux, j’ai senti ma gorge se nouer, et le nœud ne s’est pas relâché avant la fin du livre. J’avais l’impression d’entendre les sanglots déchirants d’Heathcliff à travers la lande. Je ne crois pas qu’après avoir lu un auteur de si grand talent qu’Emily Brontë, je serais capable d’éprouver du plaisir à relire Malmenée à la lueur de la bougie de Miss Amanda Gillyflower. Lire de bons livres vous empêche d’apprécier les mauvais.

Juliet, qui est romancière, voit en ce cercle un sujet idéal pour son prochain livre. Elle en fait part à Dawsey et très vite, les membres du cercle lui écrivent. Au travers de leurs lettres, Juliet fait peu à peu la connaissance de ces gens courageux et découvre la magnifique île de Guernesey. Car oui, les habitants de l’île ont vécu des moments difficiles durant la guerre (conditions de vie, séparation avec les enfants, souffrance), un épisode douloureux qui les hante encore. Mais ce cercle les a sauvé et ils se sont liés d’amitié.

En général, je n’aime pas les livres qui traitent de la deuxième guerre mondiale, mais ici malgré la gravité de la guerre et son souvenir qui plane encore sur l’île, l’auteur a ponctué son récit de moments plus légers où l’humour est présent. Et puis, sans être un roman historique, de nombreux événements qui se sont passés à Guernesey pendant ces années sont relatés par les habitants, ce qui permet d’en apprendre un peu plus sur le rôle joué par les îles anglo-normandes durant cette sombre période.

Juliet est le personnage central de ce roman, une jeune femme dynamique, drôle, indépendante qui m’a paru tout de suite fort sympathique. Et puis il y a Dawsey, Eben, Isola, Amelia, Kit, Adelaide, Clovis, mais aussi Sidney, son éditeur, Sophie, son amie d’enfance,… Sans oublier, Elizabeth McKenna, la personne qui fût à l’origine du cercle. Déportée, ses amis sont sans nouvelle d’elle depuis longtemps. Pourtant, malgré son absence, son souvenir est bien présent sur l’île. Un récit où apparaît une multitude de personnages et où il peut être difficile de les distinguer au début.

Un roman au titre intriguant qui attire tout de suite l’oeil. Un roman sur la vie quotidienne sous l’Occupation et les conséquences que celle-ci peut provoquer sur une population, sur l’après-guerre, mais aussi sur l’amitié, la solidarité et le pouvoir de la lecture. Un roman aux personnages hauts en couleur, d’un courage, d’un accueil et d’une gentillesse rare.

Parallèlement à mon intérêt pour leur intérêt pour la lecture, je suis tombée amoureuse de deux hommes: Eben Ramsey et Dawsey Adams. J’aime beaucoup Clovis Fossey et John Booker. Je voudrais qu’Amelia Maugery m’adopte, et adopter Isola Pribby. Je vous laisse le soin de deviner mes sentiments pour Adelaide Addison (Miss) en lisant ses lettres. La vérité est que je vis davantage à Guernesey qu’à Londres en ce moment. Je travaille l’oreille tendue vers la porte et, sitôt que j’entends le courrier tomber dans la boîte, je dévale l’escalier à toute vitesse et j’entame un autre chapitre de l’histoire, toute essouflée.

Un roman qui donne envie de partir à Guernesey pour se promener le long des falaises plongeant droit vers la mer.

Un vrai délice !

Nil éditions, 2009
Editions 10/18, 2011

Une lecture commune (encore en retard !)  avec : Valou, mimi54, Reveline.

Lu dans le cadre des challenges :

 


11 réflexions sur “Mary Ann Shaffer & Annie Barrows – Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates

  1. Oui, c’était un vrai plaisir que ce livre. Ton billet me donne à nouveau envie d’aller visiter Guernesey…

  2. Pingback: Challenge « Le nez dans les livres  « «

  3. je l’ai lu il doit y avoir deux ans, mais j’en garde encore un très bon souvenir et je l’ai fait circuler dans ma famille :) ! merci pour ta participation au challenge !

  4. Moi non plus je ne suis pas fan d’histoires se passant pendant la 2nde guerre mondiale mais j’ai passé un très joli moment avec ce livre, dont je n’attendais pas non plus grand-chose, je dois bien l’avouer :)

  5. Je l’avais commencé lorsque j’étais enceinte mais j’étais en pleine panne de lecture donc je n’arrivais pas à me concentrer. Pourtant, je suis certaine qu’il me plairait donc je pense retenter bientôt.

  6. et moi ça y est je te lis enfin…et en effet, la lecture de ce roman me donne envie de me rendre sur cette fameuse île de Guernesey…j’étais au port où partent les ferries vers Guernesey il y a un an…mais pas le temps d’y aller…à faire d’ici un an je pense ! et y lire nous aussi un roman , installé pas très loin de ses plages…

  7. Magnifique critique !
    Il fera chez moi parti d’une lecture commune au 1er octobre.
    J’ai lu beaucoup de positif, je hâte de le commencer !
    Bises !

  8. Pingback: Challenge Le Nez dans les livres, 2 ans déjà ! |

Répondre à valou Annuler la réponse.