Daniel Glattauer – Quand souffle le vent du Nord

4e de couverture :

En voulant résilier un abonnement, Emma Rothner se trompe d’adresse et envoie un mail à un inconnu, un certain Leo Leike. Ce dernier, poliment, lui signale son erreur ; Emma s’excuse, et, peu à peu, un dialogue s’engage entre eux, par mail uniquement. Au fil du temps, leur relation se tisse, s’étoffe, et ces deux inconnus vont se mettre à éprouver l’un pour l’autre une certaine fascination. Alors même qu’ils décident de ne rien révéler de leurs vies respectives, ils cherchent à deviner les secrets de l’autre… De plus en plus attirés et dépendants, Emmi et Leo repoussent néanmoins le moment fatidique de la rencontre. Emmi est mariée, et Leo se remet à grand peine d’un chagrin d’amour. Un jour, pourtant – enfin ! –, ils décident de se donner rendez-vous dans un café bondé de la ville. Mais ils s’imposent une règle : reconnaître l’autre qu’ils n’ont pourtant jamais vu, avec interdiction formelle de lui parler…

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OUI, JE VEUX !!!!!!! DES MAILS DE LEO ! DES MAILS DE LEO ! DES MAILS DE LEO. S’IL VOUS PLAÎT ! JE SUIS ACCRO AUX MAILS DE LEO !

Enfin j’ai lu ce roman qui a fait pousser de nombreux soupirs chez certaines blogueuses rien qu’en entendant le nom de Leo… Pas chez moi !

Mais revenons d’abord à l’histoire. Emma Rothner se trompe d’adresse en voulant résilier un abonnement par mail. Son message arrive chez un parfait inconnu, Leo Leike. Ce dernier lui répond pour lui faire part de son erreur. Tout cela aurait pu en rester là si quelques mois plus tard, Emma n’avait pas envoyé un mail groupé à tous ses contacts professionnels pour leur souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année. Leo, qui ne manque pas d’humour, lui répond à nouveau: « Chère Emmi Rothner, nous ne nous connaissons pour ainsi dire pas du tout. Cependant, je vous remercie pour votre si sincère et si original mail groupé ! Il faut que vous le sachiez : j’aime les mails groupés destinés à un groupe auquel je n’appartiens pas. Sincère salutations, Leo Leike. »

Emma confuse, lui répond aussitôt. Commence alors une correspondance presque quotidienne. Inévitablement, ils se rapprochent, pourtant conscients des conséquences qu’il pourrait y avoir sur leur vie réelle. Car en dehors de ces échanges virtuels, Emmi (pour les intimes) est mariée et élève les deux enfants de son mari, une vie de famille apparemment « idyllique ». Leo, quant à lui, se remet d’une relation un peu chaotique.

Dès le départ, Emmi et Léo ne veulent rien savoir l’un sur l’autre. Tout est donc dans l’imagination du lecteur car à aucun moment l’auteur ne nous décrit physiquement les personnages, leurs goûts, leurs hobbies, etc. Malgré cela, je n’ai éprouvé aucune difficulté à me les représenter. Malheureusement, nos deux protagonistes n’ont pas réussi à me toucher. Je ne suis pas tombée sous le charme de Leo même s’il m’a paru fort sympathique, intelligent, posé et réfléchi. Quant à Emmi, elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle est jalouse (mais je lui pardonne, j’aurais eu les même réactions, oui oui !), possessive alors qu’elle ne connait Leo que par mail. Du coup, son comprortement peut agacer. Le seul personnage qui a réussi à m’émouvoir de part sa réaction c’est le mari d’Emmi.

Vous l’aurez compris, ce roman n’est pas un coup de coeur. Pendant plus de 300 pages, on tourne en rond, on a envie de leur dire de foncer, d’agir au lieu de tergiverser pendant des heures sur une hypothétique rencontre. Certes, il est facile et agréable à lire, et même si le début m’a paru un peu plat, ma curiosité s’est rapidement éveillée. De plus, il traite d’un sujet actuel qui nous concerne tous et auquel nous sommes confrontés de plus en plus : les relations virtuelles. Il n’empêche que la fin s’est révélée très frustrante pour certains. Pour ma part, elle me convient. Ce n’est pas un happy end et c’est bien mieux comme ça. Mais comme je suis curieuse de connaître ce que l’auteur réserve de nouveau à Leo et Emmi, je lirai la suite tant attendue (qui est déjà dans ma PAL).

Ce vent du nord ne m’a pas emportée autant que je le souhaitais, mais si vous ne l’avez pas encore lu, laissez-lui tout de même une chance…

Grasset, 2010
Le Livre de Poche, 2011

Une lecture commune avec Canel, Sofynet, Zarline, Frankie et Laure.


			

Elfriede Jelinek – La pianiste

4e de couverture :

Elle ne boit pas, ne fume pas, couche encore à 36 ans dans le lit maternel et aime bien rester chez elle. Chaque fois que ses horaires de professeur de piano au conservatoire de Vienne le lui permettent, elle se plaît à fréquenter les cinémas pornos, les peepshows et les fourrés du Prater. Et quand un de ses étudiants tombe amoureux d’elle, Erika Kohut ne sait lui offrir en échange qu’un scénario éculé, propre à redorer la vieille relation du maître et de l’esclave. Cru, féroce et en même temps d’un comique irrésistible, ce livre n’épargne ni l’amour maternel et ses vaines ambitions, ni la vénérable institution qu’est à Vienne la grande musique, ni le sexe et ses névroses.

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Erika Kohut, 36 ans, est professeur de piano au conservatoire de Vienne. Une carrière que sa mère aurait voulu différente, elle qui avait pour ambition que sa fille devienne une artiste mondialement reconnue. Un échec qui sera reproché sans cesse à Erika.

Dès les premières lignes, le lecteur comprend qu’Erika et sa mère vivent une relation particulière, faite d’amour et de haine. Une mère envahissante, qui la surprotège et qui décide de tout dans sa vie.  

Avec une telle mère et une figure paternelle absente, il n’est pas étonnant qu’Erika soit devenue une personne qui ne peut aimer que dans la violence, soumise, qui se mutile et fréquente les peepshows. Alors lorsque Walter Klemmer, un de ses élèves, tente de la séduire, Erika, incapable d’aimer, s’embarque dans une relation amoureuse sado-masochiste.

 Erika ne sent rien et n’a jamais rien senti. Elle est aussi insensible que du carton goudronné sous la pluie.

Le moins que l’on puisse dire c’est que La pianiste est un livre dérangeant, sombre. Le texte est dense, compact, sans paragraphe. Bref, rien qui permette au lecteur de reprendre son souffle dans cette relation mère-fille si complexe et empreinte de souffrance. Une écriture forte pour un roman déstabilisant qui mérite qu’on s’y attarde.

À présent, il ne me reste plus qu’à regarder l’adaptation cinématographique (avec notamment Isabelle Huppert).

Ce livre a reçu le prix Nobel de littérature en 2004.

Editions Points, 2002

Livre lu dans le cadre du défi