4e de couverture :
Eon et le douzième dragon commence à la veille de l’extraordinaire cérémonie au cours de laquelle le dragon Rat désignera son apprenti. Chaque année, en effet, l’un des douze dragons énergétiques protégeant le pays choisit celui qu’il initiera à la magie du dragon.
Eona, seize ans, s’est durement entraînée pour devenir cet apprenti. Or, seuls les garçons sont élus. Au risque de sa vie, la jeune fille se fait passer pour un adolescent. Confronté à la haine du redoutable seigneur Ido, Eon doit s’engager dans un combat sans merci pour défendre son secret.
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Je dois l’avouer, au départ ce livre ne m’attirait pas spécialement, et ce malgré sa très belle couverture. Mais il se trouve qu’il faisait partie de la sélection du Prix littéraire des blogueurs (organisé par George) où je me suis inscrite fin 2009.
Et dire que j’ai failli passer à côté de ce superbe roman !
Alison Goodman nous plonge au coeur d’une Chine impériale mythique, en compagnie d’Eon, ou plutôt Eona. Cette jeune adolescente s’entraîne durement afin d’être choisie par le dragon Rat pour être son apprenti (ce qui apporterait richesse et reconnaissance à son maître). Cependant, seuls les garçons sont admis. Eona se fait donc passer pour un adolescent au risque d’être découverte et d’y perdre la vie…
Voici un récit d’une très grande richesse où se mêlent mythes chinois, japonais, aventure, magie, pouvoir, amour, amitiés et trahisons.
Eona est une héroïne dotée d’une grande force de caractère et d’un courage à toute épreuve. Elle espère plus que tout devenir apprenti du dragon Rat et ne vit que pour ça, mais son infirmité et sa féminité (qu’elle ira d’ailleurs jusqu’à renier) sont un obstacle. Un personnage très attachant que l’on suit pas à pas: on partage ses doutes, ses désillusions, ses peurs mais aussi ses moments de joie. Notre jeune adolescente est accompagnée de deux êtres peu ordinaires: Ryko, Homme de Lune (eunuque) et Dame Dela, Contraire (travesti) qui la conseillent et la protègent.
L’écriture est tout en finesse, poétique. J’ai également beaucoup apprécié les descriptions qui donnent vraiment l’impression d’y être.
Le dragon se retourna pour regarder fixement l’empereur de l’autre côté de l’arène. Un seul de ses grands yeux sombres était visible dans le miroir. Son front large était surmonté de deux cornes recourbées. J’entendis des murmures nerveux dans la foule quand ses jambes antérieures se posèrent sur le sable et qu’apparut dans toute sa longueur le reflet de son corps sinueux. Puis il s’enroula comme un serpent et sa masse invisible atterrit tout entière sur le sol, en soulevant un nuage de sable et de poussière qui retomba sur son corps, dont les contours chatoyants se révélèrent un instant à nos regards. Il secoua la tête, en projetant encore force sable, puis se tourna vers le miroir et se contempla. La profondeur insondable de ses yeux lui donnait une expression de tristesse. Deux membranes bleu pâle se dressèrent sur chaque épaule et ondulèrent au soleil comme de la soie moirée avant de se replier contre son corps. Sa tête pesante pivota pour nous faire face de nouveau. La courbe de son dos massif et l’épais panache de sa crinière blanche se reflétèrent dans le miroir. Bien qu’on ne vît plus ses yeux, je savais qu’il nous examinait afin de choisir son apprenti.
Alors certes la plupart des événements sont prévisibles et le début un peu lent, mais il n’empêche que Eon et le douzième dragon reste un excellent roman.
Vivement la suite !
Lu dans le cadre du Prix Mauprat – Prix littéraire des blogueurs, organisé par George.
Editions de La Table Ronde, 2009
Gallimard jeunesse, 2009