Karen Maitland – Les âges sombres

4e de couverture :

1321. Les habitants d’Ulewic, une petite cité isolée de l’est de l’Angleterre, sont sous le joug de leur seigneur et de l’Église, celle-ci ayant supplanté, depuis quelques années, le paganisme qui régnait dans la région. Non loin du village s’est installée une petite communauté chrétienne de femmes, des béguines originaires de Belgique. Sous l’autorité de sœur Martha, elles ont jusqu’alors été assez bien tolérées. Mais les choses commencent à changer. Le pays connaît en effet des saisons de plus en plus rigoureuses, les récoltes sont gâchées, les troupeaux dévastés et le besoin d’un bouc émissaire se fait sentir. Neuf hommes du village, dont on ignore l’identité, vont profiter de la tension qui commence à monter pour restaurer un ordre ancien et obscur. Renouant avec de terribles rites païens, usant de la terreur, du meurtre et de la superstition, ils vont s’en prendre aux béguines, qui devront les démasquer et élucider les secrets du village avant que la région ne soit mise à feu et à sang.

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Pour son deuxième roman, Karen Maitland nous plonge à nouveau dans l’Angleterre du 14e siècle. L’histoire se déroule dans le village d’Ulewic où une communauté religieuse s’y est installée un peu à l’écart. Mais ce béguinage a bien du mal à se faire accepter des habitants, influencés par le prêtre et d’autres forces mystérieuses. Intimidations, menaces, méfiance de la population, tel est le quotidien de ces femmes qui pourtant n’hésitent pas à aider les plus démunis.

Tout au long de ce récit à la première, les voix s’alternent. Un index des noms des personnages est présent au début du livre pour mieux s’y retrouver, mais pas d’inquiétude car il n’est pas si nécessaire vu leur nombre. Le père Ulfrid fait partie des narrateurs: un prêtre qui tente de cacher son passé et qui ferait tout pour quitter Ulewic. Au début, on éprouve un peu de compassion pour lui, mais elle se dissipe rapidement. Et puis il y a cette force invisible, mais puissante : les Maîtres-Huants qui ont peu à peu imposé leur pouvoir par la terreur.

Évidemment, comme le titre le suggère, il n’y a rien de réjouissant dans ce roman: peurs ancestrales, croyances, légendes, religion et rites païens se côtoient. Et puis la différence fait peur, c’est bien connu.

J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Karen Maitland. Comme dans son premier roman La compagnie des menteurs, l’ambiance du Moyen Âge est décrite à merveille. On a vraiment l’impression d’être plongé dans le quotidien de ce village où la faim, les mauvaises récoltes, les superstitions, l’influence de l’Église, mais aussi des Maîtres-Huants sont omniprésents.

Un auteur à suivre !

Editions Sonatine, 2012

Lu dans le cadre du challenge Challenge Thrillers et Polars

Karen Maitland – La compagnie des menteurs

4e de couverture :

1348. La peste s’abat sur l’Angleterre. Rites païens, sacrifices rituels et religieux : tous les moyens sont bons pour tenter de conjurer le sort. Dans le pays, en proie à la panique et à l’anarchie, un petit groupe de neuf parias réunis par le plus grand des hasards essaie de gagner le Nord, afin d’échapper à la contagion. Neuf laissés-pour-compte qui fuient la peste mais aussi un passé trouble. Bientôt, l’un d’eux est retrouvé pendu, puis un autre noyé, un troisième démembré… Seraient-ils la proie d’un tueur plus impitoyable encore que l’épidémie ? Et si celui-ci se trouvait parmi eux ? Toutes les apparences ne vont pas tarder à s’avérer trompeuses et, avec la mort qui rôde de toutes parts, les survivants devront faire preuve d’une incroyable sagacité, au milieu des secrets et des mensonges, pour trouver le mobile des meurtres et résoudre l’énigme avant qu’il ne soit trop tard.

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Angleterre. Milieu du 14e siècle. Ils sont neuf personnages, réunis par hasard, à faire route ensemble vers la mer pour échapper à la peste : un vendeur de reliques, un musicien et son élève, une guérisseuse, un magicien au tempérament belliqueux, un peintre et sa femme enceinte, un conteur, ainsi qu’une jeune fille mystérieuse, au comportement étrange, lisant les runes. Camelot, Rodrigo, Joffre, Plaisance, Zophiel, Osmond, Adela, Cygnus, Narigorm : neuf noms, neuf personnalités différentes, avec un passé qui leur est propre, mais aussi des secrets…

En plus de cette peste qui les suit inexorablement, une autre chose attise leur peur. Ils l’entendent la nuit, et très vite la mort rôde parmi eux… Persuadés que c’est un loup qui les traque, ils sont effrayés. Une peur qui conduit à de vives tensions au sein du groupe, les uns accusant les autres, et des clans qui se forment inévitablement. Outre la peur, leur voyage est rythmé par la faim, le froid, le manque d’hygiène, la recherche presque quotidienne d’un abri pour passer la nuit, bref des conditions de vie loin d’être idéales. Les villages sont déserts car la peste est passée par là. Cependant, il n’est pas bon de s’éterniser à un endroit au risque d’attirer l’attention. Survivre est le mot d’ordre. Une lutte quotidienne.

À ceux qui s’attendent à un thriller, vous risquez d’être déçus. La compagnie des menteurs est avant tout un roman d’ambiance, ma foi fort bien rendue ! Croyances, superstitions, peste… j’ai beaucoup aimé cette immersion dans le Moyen âge et l’atmosphère lourde et sombre qui se dégage du roman. Sans parler des personnages qui ont chacun leur part de mystère… Certains d’entre eux mentiraient-ils ? Cacheraient-ils leur vraie nature ? On pourrait reprocher quelques longueurs, mais cela reste malgré tout prenant. Et puis, en plus d’être bien écrit, le roman est très bien documenté, ce qui rend l’histoire assez réaliste.

La compagnie des menteurs est le premier roman de l’auteur traduit en français. À nouveau un très bon cru de chez Sonatine !

Editions Sonatine, 2010

Les avis de Ellcrys et Belledenuit (avec qui ce devait être une lecture commune à la base…).

Lu dans le cadre du challenge Challenge Thrillers et Polars

Ken Bruen – Delirium tremens

4e de couverture :

Ancien flic viré pour alcoolisme sévère, Jack Taylor traîne sa misère et son mal de vivre dans les pubs des quartiers populaires de Galway. Entre deux rasades de Jameson et une gorgée de Guinness, il laisse vaguement entendre aux poivrots de son entourage qu’il pourrait être un bon détective privé. À sa grande surprise, une femme vient un jour le trouver à son comptoir préféré pour le supplier d’enquêter sur la mort de sa fille qui se serait, soi-disant, suicidée…

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Voilà un roman que j’ai choisi tout à fait par hasard en regardant les choix de lecture des autres participants du challenge littérature irlandaise. Il faut dire que je ne connais que très peu cette littérature et encore moins les romans policiers irlandais. Le hasard fait parfois bien les choses, mais pas dans ce cas-ci malheureusement !

Viré de la Garda (police irlandaise) et devenu détective privé, Jack Taylor passe la plupart de son temps dans les pubs de sa ville, Galway. Jusqu’au jour où une femme débarque dans l’un de ces bars pour lui demander d’enquêter sur la mort de sa fille, car elle ne croit pas à un suicide. Mais alors qu’il commence ses recherches, les menaces ne tardent pas à arriver. En effet, certaines personnes n’apprécient pas qu’on vienne fouiller dans leurs affaires…

Ici, l’enquête est secondaire et n’est qu’un prétexte. Ce n’est donc pas un roman policier à proprement parler comme je m’y attendais, mais plutôt un roman noir où il est surtout question de l’alcool et ses démons, l’addiction, le sevrage, la rechute, avec un héro mal dans sa peau, mais doué, amateur de musique et de littérature et qui est loin d’avoir sa langue dans sa poche. Jack Taylor est un personnage qui plaira à certains, mais auquel je ne me suis malheureusement pas attachée.

Un roman particulier où l’on retrouve l’ambiance des pubs irlandais. Les chapitres sont courts, le style direct, percutant, mais l’auteur n’a pas réussi à capter mon attention et je suis restée en dehors de l’histoire, me sentant souvent un peu perdue au milieu des nombreuses références musicales et culturelles.

Un rendez-vous manqué. Dommage.

Editions Gallimard, Série Noire, 2004
Folio Policier, 2006

Lu dans le cadre du challenge 

Stieg Larsson – Millénium. Tome 2, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette

4e de couverture :

Tandis que Lisbeth Salander coule des journées supposées tranquilles aux Caraïbes, Mikael Blomkvist, réhabilité, victorieux, est prêt à lancer un numéro spécial de Millenium sur un thème brûlant pour des gens haut placés : une sombre histoire de prostituées exportées des pays de l’Est. Mikael aimerait surtout revoir Lisbeth. Il la retrouve sur son chemin, mais pas vraiment comme prévu : un soir, dans une rue de Stockholm, il la voit échapper clé peu à une agression manifestement très planifiée. Enquêter sur clés sujets qui fâchent mafieux et politiciens n’est pas ce qu’on souhaite à clé jeunes journalistes amoureux de la vie. Deux meurtres se succèdent, les victimes enquêtaient pour Millenium. Pire que tout, la police et les médias vont bientôt traquer Lisbeth, coupable toute désignée et qu’on a vite fait de qualifier de tueuse en série au passé psychologique lourdement chargé. Mais qui était cette gamine attachée sur un lit, exposée aux caprices d’un maniaque et qui survivait en rêvant d’un bidon d’essence et d’une allumette ? S’agissait-il d’une des filles des pays de l’Est, y a-t-il une hypothèse plus compliquée encore ?

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Il y a quelques mois, je découvrais la célèbre saga Millénium avec un premier tome qui m’avait totalement convaincue. Mais malgré mon enthousiasme, j’ai mis plus de 6 mois à sortir le second tome de ma PAL, allez savoir pourquoi…

Dans ce deuxième tome, nous retrouvons Lisbeth Salander à La Grenade, dernière étape de son tour du monde. Elle est en effet partie sans laisser de trace durant une année, peu de temps après la fin de son enquête avec Mikael Blomkvist sur la famille Vanger. Mikael, lui, est devenu une sorte de superstar depuis cette enquête et la fameuse affaire Wennerström. Il a réintégré son poste de journaliste et se prépare à sortir un numéro spécial de Millénium  sur le trafic des femmes provenant des pays de l’Est en Suède. Un sujet brûlant qui s’appuie sur le travail de Dag Svensson et Mia Bergman. Mais quelques jours avant l’impression, ce couple est assassiné. Peu de temps après, une troisième victime est découverte. Celle-ci fait partie de l’entourage de Lisbeth. Très vite, les preuves l’accablent et la police l’accuse du triple meurtre. Mais cette dernière, revenue en Suède, est introuvable. La traque commence…

L’intrigue de ce tome est centrée sur Lisbeth et nous permet d’en apprendre un peu plus sur son passé mystérieux, de mieux comprendre sa personnalité et ses relations avec les autorités (même si l’on se doute que tous ses secrets ne sont pas encore dévoilés). Enigmatique, atypique et fascinante, Lisbeth est décidément le personnage que je préfère, un de ceux qu’on n’oublie pas. Mikael n’a pas changé non plus : toujours aussi fonceur, il est déterminé à prouver l’innocence de son ex-collaboratrice. Les personnages secondaires comme Erika Berger (co-responsable de la revue Millénium), Dragan Armanskij (directeur de Milton Security) ne sont pas en reste et de nouveaux apparaissent.

Ce roman aborde des sujets tels que la traite d’êtres humains, la prostitution, le pouvoir, les secrets d’Etat. Mais c’est encore une fois la femme qui est le thème central de l’histoire.

Alors que certains reprochent une certaine lenteur au début, j’ai été happée immédiatemment par l’histoire . Je n’y ai trouvé aucun temps mort. Au fur et à mesure, le suspense monte, la traque de Lisbeth commence. Et puis il y a cette question qui nous hante pendant une bonne partie du roman : est-elle réellement coupable ?

Un deuxième tome encore plus passionnant que le premier. J’en redemande (surtout après une fin pareille).

Editions Actes Sud, 2006

Une lecture commune avec Manu, George et Zarline (malheureusement Cynthia ne retrouve plus son exemplaire !).

Lu dans le cadre des défis

   

Stephen King – Rage

4e de couverture :

Neuf heures cinq. L’écureuil cavale sur la pelouse. Dans la salle 16, Mme Underwood donne son cours d’algèbre… « Si l’on augmente le nombre de variables, les axiomes eux-mêmes restent valides… ». L’interphone crache alors une giclée de mots-requins. Charles Decker est convoqué chez le directeur… Neuf heures vingt. Après un entretien destroy, Charly met le feu au vestiaire. Dans les marais puants de son subconscient, son dinosaure personnel patauge avec la rage. Charly ouvre la porte de sa classe, tire sur son prof, qui s’effondre. Exit. Tuée sur le coup. Charly se sent merveilleusement bien. Il est allé jusqu’au bout… Neuf heures cinquante. Océan de silence dans la classe prise en otage. Charly se prépare pour le sprint final. Psychodrame et lavage de cerveau. Tout le monde va passer à la moulinette…

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Publié en 1977 sous le pseudonyme de Richard Bachman, Rage est un court roman écrit bien avant les tueries dans les écoles américaines.

À Placerville, petite ville du Maine, Charlie Decker est un élève en apparence normal. Jusqu’au jour où, las des humiliations de son professeur de sciences, il le frappe et le blesse gravement. Deux mois plus tard, en plein cours d’algèbre, il est appelé chez le directeur au sujet de cette agression. L’entrevue se passe mal, le directeur menace de le renvoyer. En sortant du bureau, Charlie se dirige vers son casier auquel il met le feu, en prenant soin de s’emparer de son pistolet avant. Ensuite, il retourne dans la classe de Mme Underwood, la tue et prend les élèves en otage. Peu de temps après, il tue également un autre professeur venu voir ce qu’il se passait suite à l’alerte au feu. Dans ce huis clos et durant plus de 4 heures, Charlie Decker est bien décidé à « aller jusqu’au bout ». La psychothérapie de groupe peut commencer…

Ici, point d’horreur ni de fantastique, juste la réalité, terrible et dérangeante. Le narrateur, Charlie va pousser les élèves à la confidence : mal-être, doutes, angoisses, rejet et incompréhension du monde adulte, règlements de comptes. Le comportement des élèves change, la situation s’inverse.  Charlie aussi se confie : famille, école, copains, relations amoureuses, tant d’éléments de sa vie qui permettent au lecteur de cerner un peu mieux le personnage et les raisons qui l’ont poussé à commettre un tel acte. Mais l’adolescent est-il fou à lier ? Ou bien est-il la victime d’une société hypocrite ?

Un livre choc qui fait réfléchir sur les travers de notre société et ses conséquences.

Ce livre a été retiré de la vente à la demande de Stephen King lui-même, suite aux massacres dans des écoles américaines, où ce livre a été retrouvé dans le casier des élèves responsables des tragédies.

Editions J'ai Lu, 1993

Lu dans le cadre du challenge Halloween

Etape 5 : Lycée/Campus

Colin Harrison – Manhattan nocturne

4e de couverture:

Meurtres, accidents, drames en tous genres… Porter Wren, chroniqueur de faits divers dans un tabloïd new-yorkais, est un habitué des turpitudes quotidiennes de l’humanité. Mais en observateur prudent, il s’est toujours gardé de s’embarquer dans le type d’histoire qu’il raconte. Jusqu’au jour où il est abordé par une séduisante jeune femme, la veuve d’un cinéaste en vogue dont le meurtre n’a jamais été élucidé. Elle détient des secrets. Il n’aurait jamais dû accepter de les partager… À mesure que se noue ce drame étouffant, Colin Harrison révèle un à un les fils mystérieux qui, nulle part comme à New York, relient les bas-fonds les plus sordides aux sphères les plus élevées de la réussite.

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Je vends le meurtre, la mutilation, le désastre. Et ce n’est pas tout : je vends la tragédie, la vengeance, le chaos, le destin. Je vends les souffrances des pauvres et les vanités des riches. Les enfants qui tombent des fenêtres, les rames de métro qui flambent, les violeurs qui s’éclipsent dans la nuit. Je vends la colère et la rédemption. Je vends l’héroïsme musclé des pompiers et la poussive cupidité des chefs de la mafia. La puanteur des ordures, les espèces sonnantes et trébuchantes. Je vends le Noir au Blanc et le Blanc au Noir. Aux démocrates, aux républicains, aux anarchistes, aux musulmans, aux travestis, aux squatters du Lower East Side. J’ai vendu John Gotti et O. J. Simpson et les poseurs de bombes du World Trade Center, et je vendrai tous ceux qui suivront. Je vends le mensonge et ce qui passe pour la vérité, et tout le spectre des nuances qui les séparent. Je vends le nouveau-né et le mort. Je revends la misérable et splendide ville de New York à ses habitants. Je vends des journaux.

Porter Wren, journaliste pour un tabloïd new-yorkais vit une vie plutôt tranquille avec sa femme et ses deux enfants jusqu’au jour où il rencontre Caroline Crowley à une soirée organisée par son journal. De son propre aveu, il aurait mieux fait de ne jamais s’y rendre…

Oui, je maudissais ma fascination pour Caroline, mais en tirais également une joie singulière.

Caroline Crowley belle, intrigante et très persuasive séduit immédiatement Porter. Elle l’aborde pour lui parler de son mari décédé récemment: Simon Crowley, cinéaste reconnu, retrouvé mort sur un chantier. Porter accepte d’enquêter sur la mort de Simon à la demande (insistante) de Caroline et va peu à peu s’aventurer dans un monde où les enjeux le dépassent. Un monde dont il ne ressortira pas sans quelques séquelles. A travers les cassettes laissées par Simon, il découvre un jeune homme indépendant, marginal, qui filmait des instants de la vie quotidienne. Malheureusement, ces cassettes intéressent d’autres personnes (milliardaires, flics,…) prêtes à tout pour les récupérer.

Manhattan nocturne est un roman noir qui nous montre les bas-fonds de New York: ses crimes, ses folies, ses excès, ses recoins sombres, loin du New York des cartes postales. J’ai beaucoup aimé les descriptions que l’auteur fait de cette ville qui joue une grande place dans l’histoire. De plus, Colin Harrison sait tenir son lecteur en haleine. L’intrigue est bien construite, efficace, avec une solution qui n’est dévoilée qu’aux dernières pages. Tout au long du récit, le lecteur ne cesse de se poser la même question: pourquoi Porter a-t-il accepté la requête de Caroline Crowley ? Une curiosité malsaise qui aura des conséquences sur lui et sa famille. Notre journaliste va-t-il pouvoir se sortir de cette emprise ?

Ce n’est pas un coup de coeur, mais j’ai néanmoins passé un agréable moment et je remercie Manu d’en avoir fait un livre voyageur !

Editions 10-18, 2008

Anders Roslund, Börge Hellström – La bête

Lorsque Bernt Lund parvient à s’évader du quartier pour délinquants sexuels de la prison d’Aspsäs, le commissaire Ewert Grens et son adjoint Sven Sundkvist, de la police de Stockholm, craignent le pire. Quatre ans auparavant, Lund a en effet violé et assassiné deux fillettes, sans jamais manifester le moindre remords pour ses actes.
Leurs peurs se révèlent fondées : le corps d’une enfant est retrouvé peu de temps après dans un bois, portant la signature de Lund. Tandis que la nation entière s’indigne de l’impuissance des autorités face au meurtrier en fuite, Fredrik, le père de la petite victime, décide de se faire lui-même justice…

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Ecrit à quatre mains, La bête est le premier tome d’une série mettant en scène deux d’enquêteurs: Ewert Grens et Sven Sundkvist.

Les deux auteurs suédois nous livrent ici un polar d’une noirceur extrême, abordant un sujet sensible et difficile: la p*dophilie. Dès le début du roman, nous sommes plongés dans les pensées d’un violeur: Lund. Ce dernier vient de s’évader et récidive très rapidement. Certains de ces passages sont très crus, dérangeants et pourront heurter les plus sensibles. Heureusement, ils sont peu nombreux et les auteurs ne tombent pas dans le voyeurisme. La première partie s’attarde donc sur le tueur, mais aussi sur l’enquête menée par Grens et Sundkvist et sur la vie dans les prisons suédoises. La seconde partie, quant à elle, se focalise sur le père d’une des jeunes victimes, son désespoir, mais aussi son désir de vengeance… On y voit également la force que peut avoir l’opinion publique, la manière avec laquelle la population prend à coeur une affaire.

Un livre qui ne laisse pas indifférent de par les sujets qui y sont abordés (p*dophilie, vengeance) et qui poussent le lecteur à la réflexion: ce père a-t-il raison de se faire justice ? Doit-il être condamné lui aussi alors qu’il a sauvé la vie d’autres enfants ? Que ferions-nous en pareille situation ?  Et puis, que propose la justice face à ces délinquants sexuels, qui plus est récidivistes ?

Vous l’aurez compris, au-delà de l’enquête, ce roman pose de vraies questions de société. Un livre dérangeant, fort qui ne laissera personne indifférent.

Je recommande ! L’avis de Canel qui m’a donné envie de le lire, merci !

Presses de la Cité, 2009
Pocket, 2010

Lu dans le cadre des défis  

Stieg Larsson – Millénium. Tome 1, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

4e de couverture :

Ancien rédacteur de Millénium, revue d’investigations sociales et économiques, Mikael Blomkvist est contacté par un gros industriel pour relancer une enquête abandonnée depuis quarante ans. Dans le huis clos d’une île, la petite nièce de Henrik Vanger a disparu, probablement assassinée, et quelqu’un se fait un malin plaisir de le lui rappeler à chacun de ses anniversaires. Secondé par Lisbeth Salander, jeune femme rebelle et perturbée, placée sous contrôle social mais fouineuse hors pair, Mikael Blomkvist, cassé par un procès en diffamation qu’il vient de perdre, se plonge sans espoir dans les documents cent fois examinés, jusqu’au jour où une intuition lui fait reprendre un dossier. Régulièrement bousculés par de nouvelles informations, suivant les méandres des haines familiales et des scandales financiers. lancés bientôt dans le monde des tueurs psychopathes, le journaliste tenace et l’écorchée vive vont résoudre l’affaire des fleurs séchées et découvrir ce qu’il faudrait peut-être taire.

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Après trois ans passés dans ma PAL, j’ai enfin ouvert le premier tome de la célèbre saga Millénium. Pourtant, malgré les nombreux avis positifs j’avais quelques appréhensions. Le monde des finances est un sujet qui m’intéresse peu et j’avais peur qu’il ne soit trop présent dans Millénium. Et bien j’ai eu tort !

L’auteur nous entraîne dans un huis clos sur l’île d’Hedeby où Mikael Blomkvist, journaliste économique et co-fondateur de la revue Millénium part s’y installer après avoir été embauché par Henrik Vanger. Ce riche industriel lui a en effet demandé d’enquêter sur la disparition de sa nièce Harriet quarante ans auparavant. Quelques semaines plus tard, il est rejoint par Lisbeth Salander, une jeune femme à la personnalité complexe, véritable génie pour fouiller dans la vie des gens. Ensemble, ils vont plonger au cœur d’une histoire familiale remplie de secrets, de haine et de rancœur.

L’auteur prend son temps pour planter le décor et nous présenter les personnages. Pourtant, je n’ai ressenti aucune longueur, m’attachant dès le début aux deux protagonistes: Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander. Des personnages fascinants dotés d’une personnalité hors du commun et très différents l’un de l’autre. Un duo atypique qui fonctionne à merveille ! Lisbeth m’a beaucoup touchée : jeune femme au look peu conventionnel, mystérieuse, asociale, mais dotée d’une intelligence hors du commun (surtout en informatique), elle cache de nombreuses blessures dues à son enfance. Jugée « perturbée », elle a été déclarée juridiquement irresponsable et placée sous tutelle.

Il n’arrivait pas à cerner Lisbeth Salander. Elle avait un comportement singulier avec de longues pauses au milieu des conversations. Son appartement était un bordel proche du chaos, avec une montagne de sacs de journaux dans le vestibule et une cuisine qui n’avait pas été nettoyée depuis bien un an. (…). Elle avait plusieurs tatouages et des piercings sur le visage, et probablement aussi à des endroits qu’il n’avait pas vus. Autrement dit, elle était spéciale. D’un autre côté, Armanskij l’avait assuré qu’elle était sans conteste la meilleur enquêteuse de leur société, et son reportage approfondi sur lui avait indéniablement indiqué qu’elle faisait les choses à fond. Bizarre comme nana.

Ce roman aborde une multitude sujets: corruption, finances, argent, pouvoir, politique, économie, milieu journalistique, extrême-droite, sans oublier la condition de la femme en Suède et plus particulièrement les violences qu’elles subissent. Stieg Larsson nous livre ici une critique acerbe de la société suédoise. Bien que ces thèmes occupent une place importante, la lecture n’est pas du tout fastidieuse car ils sont savamment distillés dans l’enquête policière. De plus, le style de l’auteur est très fluide et la lecture en est d’autant plus agréable.

Passionnant de bout en bout, extrêmement bien documenté, une intrigue qui tient la route et un suspense bien présent, ce premier tome est un vrai régal ! Je n’ai qu’une hâte: me plonger dans les deux autres tomes afin de retrouver Lisbeth et Mikael.

Il ne me reste plus qu’à visionner l’adaptation cinématographique sortie en 2009.

Une lecture commune avec Manu, Cynthia et Zarline (pour laquelle je suis très très en retard !)

Actes Sud, 2006

Donato Carrisi – Le chuchoteur

4e de couverture :

Cinq petites filles ont disparu.
Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière.
Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.
Depuis qu’ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d’agents spéciaux ont l’impression d’être     manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d’un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d’appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d’enlèvement. Dans le huis clos d’un appartement spartiate converti en QG, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs.
Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure…

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Mila Vasquez est spécialiste dans les enlèvements d’enfants. Forte de ses connaissances et de son expérience, elle rejoint l’équipe de Goran Gavila pour tenter d’élucider une affaire sordide: six bras de fillettes ont été retrouvés dans un bois. Très vite, les corps de cinq d’entre elles sont retrouvés, mais aucune trace de la dernière. Est-elle toujours vivante ? Commence alors une véritable course contre la montre pour Mila, Goran et toute leur équipe.

Les chapitres sont entrecoupés par les rapports adressés par un directeur de prison au procureur général au sujet d’un détenu plutôt étrange. L’auteur laisse également la parole à une petite fille séquestrée dans une cave. Qui est-elle ? Pourquoi est-elle là ? Et qui est ce détenu aux comportements inhabituels ?

J’ai beaucoup aimé les deux personnages principaux Mila et Goran, écorchés vifs, au lourd passé et qui cachent bien des secrets.

Certes, les meurtres des fillettes sont particulièrement sordides, mais l’auteur n’en fait pas trop, pas de longues descriptions insoutenables, non, il préfère se concentrer sur l’intrigue et la psychologie des personnages.

Un livre à l’intrigue bien ficelée, sans temps mort, où les rebondissements sont nombreux et où l’auteur nous balade d’un bout à l’autre: j’ai totalement été surprise par certains éléments dévoilés au cours de l’histoire. Par contre, je l’ai été moins pour d’autres, notamment au sujet des suspects, devinant rapidement qu’ils n’étaient pas le vrai meurtrier.

Un très bon premier roman où le titre ne prend son sens qu’aux toutes dernières pages…

Merci à Laure pour le prêt !

Editions Calmann-Lévy, 2010

Franck Thilliez – Fractures

4e de couverture :

Alice sait que quelque chose ne tourne pas rond dans sa tête. Son psychiatre à l’hôpital de Lille doit lui révéler le résultat d’un an de traitement, lui apporter cette lumière qu’elle recherche depuis si longtemps. Mais les événements étranges qui se multiplient autour de la jeune femme vont l’en empêcher : cette photo récente de sa soeur jumelle, pourtant morte dix ans auparavant, qu’elle récupère des mains d’un immigré clandestin ; son père, agressé chez lui à l’arme blanche, et qui prétend avoir tenté de se suicider ; ce chemisier ensanglanté qu’elle découvre dans sa douche et à propos duquel elle n’a pas le moindre souvenir ; cet homme retrouvé nu dans un abribus et qui semble avoir vu le diable en personne.
En un mot, Alice vient de prendre un aller simple vers la folie…

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Depuis longtemps, j’avais envie de découvrir Franck Thilliez, Fractures m’attendait d’ailleurs sagement dans ma PAL. Du coup, je n’ai pas hésité lorsque Pimprenelle nous a donné rdv en février !

Alice Dehaene est à la fois anxieuse et impatiente: elle voit aboutir une année de psychothérapie avec le docteur Luc Graham. Elle va enfin connaître l’explication de ces fameux « trous noirs » dont elle est victime régulièrement, et en guérir. Mais tout ne se passe pas comme prévu…

Thilliez nous plonge au coeur de la folie, dans l’esprit d’Alice, une jeune femme complexe, victime d’une maladie rare. Perdue, elle se cherche, cherche à comprendre le pourquoi de ses « absences », la vérité sur sa maladie. Peu à peu, son passé resurgit, par bribes, dévoilant l’horreur.

Les chapitres se succèdent, les voix s’alternent : Alice, son père, son psychiatre Luc Graham, mais aussi Julie Roquevel l’assistante sociale. La plupart traînent un lourd passé derrière eux. Au fur et à mesure, la tension monte, des liens se forment entre certains événements, certains personnages. A chaque chapitre son lot de révélations. L’auteur a réussi à me mener par le bout du nez !

Un roman sombre, habilement construit et très bien documenté, ce qui lui donne ce côté très réaliste.

Une réussite !

Pocket, 2010