Michael Zadoorian – Le Cherche bonheur

4e de couverture :

Avis de recherche : Ella et John Robina, couple de citoyens américains à la retraite, vus pour la dernière fois au volant de leur camping-car le Cherche-bonheur, aux abords de Detroit. Si vous avez des informations, merci de contacter au plus vite leurs enfants au numéro qui suit… Après une longue vie et soixante ans de mariage, la santé chancelante et la mémoire qui flanche, Ella et John savent que leurs jours d’autonomie sont comptés. Si John ne se souvient plus nécessairement si on est mardi ou jeudi, il peut encore conduire. Ella le « kidnappe » donc, avec une seule idée en tête : partir une dernière fois à l’aventure. C’est le début d’un périple extraordinaire…

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Alors qu’ils sont tous les deux malades (elle, est atteinte d’un cancer et lui souffre de la maladie d’Alzheimer), Ella décide d’emmener son mari John sur les routes américaines pour un dernier voyage à bord de leur vieux camping-car le Cherche Bonheur. Direction Disneyland en Californie par la route 66 ! Evidemment, ce périple ne se fera pas sans embûches…

Un voyage rempli de tendresse, d’émotion, de nostalgie, où Ella se remémore des moments de leur vie grâce, notamment, aux petites séances de diapositives. Ella et John forment un couple uni et attachant, on ressent l’amour qui les lie, à la fois fort et sincère. Ella, courageuse et déterminée, refuse de se faire soigner et de subir sa maladie. Mais celle de son mari lui est parfois difficile à supporter: douloureux en effet de constater que votre époux vous reconnaît à peine et qu’il n’a que de vagues souvenirs de toutes ces années passées ensemble. Bien sûr, il y a bien des moments de lucidité, mais ils sont si brefs…

Une réflexion sur la vieillesse, la relation de couple, l’Amour, la maladie, la mort, la dépendance vis-à-vis des enfants lorsqu’on est âgé, les moments importants d’une vie et les choix que l’on fait.

En toute simplicité et avec grande justesse, l’auteur aborde des thèmes universels qui permettent au lecteur de s’identifier aux personnages. Car Ella et John pourraient être chacun d’entre nous.

Un roman à la fois drôle, sensible et grave qui nous transporte de la première à la dernière page.

On peut se demander si c’est la meilleure idée possible. Ce couple de vieux débris, l’une avec plus de problèmes de santé qu’un pays du tiers-monde, l’autre sénile au point de ne pas savoir quel jour on est, partant sillonner les routes du pays. Ne disons pas de bêtises, bien sûr que c’est pas une bonne idée.

À présent, nous disposons de tout notre temps. Sauf que je tombe en morceaux et que John se souvient à peine de son nom. Ça ne fait rien. Moi, je m’en souviens. À nous deux, nous formons une personne complète.

Que nous ne disions rien me va très bien. Parler romprait le charme. L’espace d’un instant, je suis si heureuse que je pourrai pleurer. Voilà exactement le genre de chose qui fait que j’aime tant voyager, et que j’ai désobéi à tout le monde. Nous deux réunis comme nous l’avons toujours été, sans rien dire, sans rien faire de particulier, simplement “en vacances”. Je sais bien que rien ne dure mais, quand on sait que le film va bientôt se terminer, on a parfois la possibilité de rembobiner et d’en prendre un peu sans que personne ne le remarque.

Editions Fleuve Noir, 2010
Editions 10/18, 2011

Lu dans le cadre des challenges

50 états(Michigan)

Nicola Keegan – Nage libre

4e de couverture :

Philomena n’est pas très à l’aise sur la terre ferme. Mais il lui suffit d’entrer dans l’eau pour se sentir à sa place. Quand elle nage, elle est puissante et libre. Lorsqu’un célèbre entraîneur la remarque dans une piscine du Kansas, une nouvelle vie commence pour elle. Philomena laisse place à « Pip », une jeune athlète promise à un avenir olympique. Une fois les médailles autour du cou, elle redevient fragile. Un autre défi l’attend. Parviendra-t-elle à le relever ?

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Voilà un livre que je n’aurai peut-être jamais ouvert si je n’avais pas lu autant d’avis positifs sur les blogs ou en librairie.

Philomena (Pip) nage depuis toute petite. L’eau est l’endroit où elle se sent le mieux, où elle oublie tout. Une passion qui va la mener au sommet, peut-être pour échapper à un quotidien familial fait de deuils, dépression, drogue,… Une famille quelque peu absente quand il s’agit de la soutenir et de l’encourager.

Philomena c’est cette fille trop grande, à la fois agaçante et attachante, qui se déplace avec une aisance incroyable dans l’eau depuis son plus jeune âge. Passionnée, dotée d’un caractère fort et de beaucoup d’humour, elle reste néanmoins une adolescente complexée, fragilisée suite aux malheurs auxquels elle a dû faire face. Puis, au sommet de sa gloire, alors qu’elle pulvérise les chronos et décroche 8 médailles d’or aux Jeux Olympiques, elle est brusquement ramenée sur la terre ferme. S’ensuit une longue descente aux enfers. Comment un sportif peut-il se reconstruire après un tel drame ? Une grande leçon de courage, de persévérance, une héroïne attachante qui a parfois une vision très personnelle de la vie, des autres. Et peu importe que vous soyez attirés ou non par la natation. Pour ma part, j’ai été plongée en apnée dans l’univers de cette grande nageuse.

Un premier roman sublime.

Editions de l'Olivier, 2010

Lu dans le cadre des challenges une_annee_des_livres_Sophie.jpg   laurier_couronne_fdb39     50 états(Kansas)

Stephen King – Rage

4e de couverture :

Neuf heures cinq. L’écureuil cavale sur la pelouse. Dans la salle 16, Mme Underwood donne son cours d’algèbre… « Si l’on augmente le nombre de variables, les axiomes eux-mêmes restent valides… ». L’interphone crache alors une giclée de mots-requins. Charles Decker est convoqué chez le directeur… Neuf heures vingt. Après un entretien destroy, Charly met le feu au vestiaire. Dans les marais puants de son subconscient, son dinosaure personnel patauge avec la rage. Charly ouvre la porte de sa classe, tire sur son prof, qui s’effondre. Exit. Tuée sur le coup. Charly se sent merveilleusement bien. Il est allé jusqu’au bout… Neuf heures cinquante. Océan de silence dans la classe prise en otage. Charly se prépare pour le sprint final. Psychodrame et lavage de cerveau. Tout le monde va passer à la moulinette…

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Publié en 1977 sous le pseudonyme de Richard Bachman, Rage est un court roman écrit bien avant les tueries dans les écoles américaines.

À Placerville, petite ville du Maine, Charlie Decker est un élève en apparence normal. Jusqu’au jour où, las des humiliations de son professeur de sciences, il le frappe et le blesse gravement. Deux mois plus tard, en plein cours d’algèbre, il est appelé chez le directeur au sujet de cette agression. L’entrevue se passe mal, le directeur menace de le renvoyer. En sortant du bureau, Charlie se dirige vers son casier auquel il met le feu, en prenant soin de s’emparer de son pistolet avant. Ensuite, il retourne dans la classe de Mme Underwood, la tue et prend les élèves en otage. Peu de temps après, il tue également un autre professeur venu voir ce qu’il se passait suite à l’alerte au feu. Dans ce huis clos et durant plus de 4 heures, Charlie Decker est bien décidé à « aller jusqu’au bout ». La psychothérapie de groupe peut commencer…

Ici, point d’horreur ni de fantastique, juste la réalité, terrible et dérangeante. Le narrateur, Charlie va pousser les élèves à la confidence : mal-être, doutes, angoisses, rejet et incompréhension du monde adulte, règlements de comptes. Le comportement des élèves change, la situation s’inverse.  Charlie aussi se confie : famille, école, copains, relations amoureuses, tant d’éléments de sa vie qui permettent au lecteur de cerner un peu mieux le personnage et les raisons qui l’ont poussé à commettre un tel acte. Mais l’adolescent est-il fou à lier ? Ou bien est-il la victime d’une société hypocrite ?

Un livre choc qui fait réfléchir sur les travers de notre société et ses conséquences.

Ce livre a été retiré de la vente à la demande de Stephen King lui-même, suite aux massacres dans des écoles américaines, où ce livre a été retrouvé dans le casier des élèves responsables des tragédies.

Editions J'ai Lu, 1993

Lu dans le cadre du challenge Halloween

Etape 5 : Lycée/Campus

Carolyn D. Wall – Aurora, Kentucky

4e de couverture :

Cet hiver 1938 est le plus froid qu’on ait vu ici, à Aurora, Kentucky. Je vis seule avec ma mère à moitié folle, et l’amour de ma vie, mon petit-fils Will’m. On tient l’épicerie – parfois les gens paient en oignons jaunes ou en poules pondeuses. Sans les fils Phelps et leurs copains chasseurs qui traquent les loups, on serait heureux. Mais les Phelps rôdent, et je sens bien qu’ils cachent quelque chose…

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Aurora, un petit village du Kentucky. C’est là qu’habite Olivia avec sa mère Ida et son petit-fils William. La vie y est dure en cette fin des années 30 et le racisme bien présent. Tout au long de ces 400 pages, mêlant passé et présent, Olivia nous raconte son histoire. Rejetée dès sa naissance par une mère à moitié folle et dépressive (qui ira à l’asile), un lien très fort unit Olivia et son père Tate Harker, un homme généreux, toujours prêt à aider les autres et passionné par les animaux. Ils mènent une vie tranquille jusqu’à ce qu’Ida revienne de l’asile. Mère et fille sont alors en conflit perpétuel et le père fait semblant de ne rien voir. Et puis il y a les Phelps, ces frères violents et racistes dont les activités secrètes dans la grange le samedi soir intriguent la jeune Olivia. Parallèlement à ses souvenirs, on la suit donc dans son quotidien avec une mère dont elle continue à s’occuper malgré la haine respective qui les habite. Heureusement, son petit-fils William est là. Ce garçon intelligent, débrouillard qu’elle aime par-dessus tout. Depuis quelques temps, des coups de fusil se font entendre au loin: les loups ramenés d’Alaska par son grand-père voici plusieurs années sont traqués et tués. Qui essaye de les intimider et pourquoi ? Des secrets bien enfouis depuis longtemps vont tout à coup ressurgir.

J’ai beaucoup aimé Olivia, cette femme forte qui s’est battue toute sa vie et n’a jamais baissé les bras malgré les blessures profondes liées à son passé. Ida, sa mère, une femme aigre et égoïste, l’a toujours rejetée. Elle non plus n’a pas su s’occuper de sa fille Pauline qui a quitté la maison familiale assez jeune, pour ensuite revenir avec un petit garçon, William qu’elle laisse à Olivia. Des relations mère-fille loin d’être simples… A côté de cela, il y a certains personnages secondaires d’une grande gentillesse, qu’on ne risque pas d’oublier comme Wing, son premier amour ou encore Junk et Love Alice, ses amis noirs.

L’auteur prend son temps pour nous livrer les souvenirs d’Olivia, mais à aucun moment je n’ai ressenti de longueur. Tout s’accélère durant les 100 dernières pages: vengeance, secrets, violence, racisme. Des chapitres courts, une écriture fluide, Carolyn D. Wall est une incroyable conteuse, on est happé par l’histoire de cette femme, une grande héroïne comme je les aime.

Le long hurlement d’un loup déferle en moi comme une rage de dents. Plus haut, des détonations retentissent, leur écho s’étirant au loin jusqu’à n’être plus qu’un souvenir, à peine audible.
Personne ne vit sur ce bout de montagne à présent, hormis Ida et moi, et mon petit-fils Will’m. J’aime ce gamin plus que tout au monde. Quant à Ida, c’est une autre paire de manches. Elle habite dans le cabanon enduit de papier goudronné derrière chez nous et, bien que cet hiver soit le plus froid qu’on ait jamais connu dans le Kentucky, elle est dehors en ce moment même, emmitouflée dans une couverture, à citer la Bible et à jurer comme un charretier. Ses cheveux blancs ébouriffés comme ceux d’une démente. Je suis l’enfant d’Ida. Ce qui fait d’elle ma maman. Et mon papa était Tate Harker. Je voudrais tellement qu’il soit là plutôt qu’enterré à côté des cabinets.

Editions Points, 2011

Un grand merci à Bibliofolie et aux éditions Points pour ce partenariat !

Lu dans le cadre des challenges   https://i0.wp.com/storage.canalblog.com/23/66/451136/66965440.gif(Kentucky)

Mary Ann Shaffer & Annie Barrows – Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates

4e de couverture :

Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d’un inconnu, un natif de l’île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné, délicieusement excentrique ; celui d’un club de lecture au nom étrange inventé pour tromper l’occupant allemand : le « Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates ».  De lettre en lettre, Juliet découvre l’histoire d’une petite communauté débordante de charme, d’humour, d’humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey…

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Je me demande comment cet ouvrage est arrivé à Guernessey. Peut-être les livres possèdent-ils un instinct de préservation secret qui les guide jusqu’à leur lecteur idéal. Comme il serait délicieux que ce soit le cas.

Tout débute par une lettre que reçoit Juliet Atson d’un certain Dawsey Adams, originaire de l’île de Guernesey. Ce dernier lui écrit car il possède un ouvrage de Charles Lamb ayant appartenu à la jeune femme et souhaite lire d’autres ouvrages de cet auteur. Cette lettre sera le point de départ d’une correspondance où de belles amitiés vont se former. Au fil des échanges, Dawsey évoque un cercle littéraire au nom curieux : « le Cercle littéraire des amateurs de la tourte aux épluchures de patates ». Créé sous l’occupation allemande, ce cercle n’était au départ qu’un moyen de tromper l’ennemi. Afin de rendre crédible ce club de lecture, les membres ont dû rassembler des livres, les lire et en discuter. C’est alors qu’ils ont découvert des auteurs comme Jane Austen, Dickens, Shakespeare, les soeurs Brontë ou encore Sénèque.

Au début, je n’ai pas aimé Les Hauts de Hurlevent, mais à la minute où le spectre de Cathy s’est mis à gratter la vitre de ses doigts osseux, j’ai senti ma gorge se nouer, et le nœud ne s’est pas relâché avant la fin du livre. J’avais l’impression d’entendre les sanglots déchirants d’Heathcliff à travers la lande. Je ne crois pas qu’après avoir lu un auteur de si grand talent qu’Emily Brontë, je serais capable d’éprouver du plaisir à relire Malmenée à la lueur de la bougie de Miss Amanda Gillyflower. Lire de bons livres vous empêche d’apprécier les mauvais.

Juliet, qui est romancière, voit en ce cercle un sujet idéal pour son prochain livre. Elle en fait part à Dawsey et très vite, les membres du cercle lui écrivent. Au travers de leurs lettres, Juliet fait peu à peu la connaissance de ces gens courageux et découvre la magnifique île de Guernesey. Car oui, les habitants de l’île ont vécu des moments difficiles durant la guerre (conditions de vie, séparation avec les enfants, souffrance), un épisode douloureux qui les hante encore. Mais ce cercle les a sauvé et ils se sont liés d’amitié.

En général, je n’aime pas les livres qui traitent de la deuxième guerre mondiale, mais ici malgré la gravité de la guerre et son souvenir qui plane encore sur l’île, l’auteur a ponctué son récit de moments plus légers où l’humour est présent. Et puis, sans être un roman historique, de nombreux événements qui se sont passés à Guernesey pendant ces années sont relatés par les habitants, ce qui permet d’en apprendre un peu plus sur le rôle joué par les îles anglo-normandes durant cette sombre période.

Juliet est le personnage central de ce roman, une jeune femme dynamique, drôle, indépendante qui m’a paru tout de suite fort sympathique. Et puis il y a Dawsey, Eben, Isola, Amelia, Kit, Adelaide, Clovis, mais aussi Sidney, son éditeur, Sophie, son amie d’enfance,… Sans oublier, Elizabeth McKenna, la personne qui fût à l’origine du cercle. Déportée, ses amis sont sans nouvelle d’elle depuis longtemps. Pourtant, malgré son absence, son souvenir est bien présent sur l’île. Un récit où apparaît une multitude de personnages et où il peut être difficile de les distinguer au début.

Un roman au titre intriguant qui attire tout de suite l’oeil. Un roman sur la vie quotidienne sous l’Occupation et les conséquences que celle-ci peut provoquer sur une population, sur l’après-guerre, mais aussi sur l’amitié, la solidarité et le pouvoir de la lecture. Un roman aux personnages hauts en couleur, d’un courage, d’un accueil et d’une gentillesse rare.

Parallèlement à mon intérêt pour leur intérêt pour la lecture, je suis tombée amoureuse de deux hommes: Eben Ramsey et Dawsey Adams. J’aime beaucoup Clovis Fossey et John Booker. Je voudrais qu’Amelia Maugery m’adopte, et adopter Isola Pribby. Je vous laisse le soin de deviner mes sentiments pour Adelaide Addison (Miss) en lisant ses lettres. La vérité est que je vis davantage à Guernesey qu’à Londres en ce moment. Je travaille l’oreille tendue vers la porte et, sitôt que j’entends le courrier tomber dans la boîte, je dévale l’escalier à toute vitesse et j’entame un autre chapitre de l’histoire, toute essouflée.

Un roman qui donne envie de partir à Guernesey pour se promener le long des falaises plongeant droit vers la mer.

Un vrai délice !

Nil éditions, 2009
Editions 10/18, 2011

Une lecture commune (encore en retard !)  avec : Valou, mimi54, Reveline.

Lu dans le cadre des challenges :

 


			

Kathryn Stockett – La couleur des sentiments

4e de couverture :

Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée. Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même lui laisser un mot. Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié ; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

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Dans les années ’60, alors que la ségrégation est toujours bien présente à Jackson (Mississippi), un certain Martin Luther King rêve d’un monde où les blancs et les noirs seraient égaux.

Aibileen et Minny, deux domestiques noires, et Miss Skeeter, une jeune femme blanche issue d’une famille bourgeoise, sont les trois voix de ce roman. Elles nous racontent leur quotidien et nous confient leurs espoirs, leurs doutes, leurs envies. Les deux bonnes font le ménage et s’occupent des enfants chez leur patronnes blanches. Aibileen est une personne posée, d’une grande douceur qui aime par-dessus tout la petite Mae Mobley dont elle a la charge. Minny, dotée d’un caractère fort, n’a pas sa langue dans sa poche ce qui lui a déjà valu de se faire renvoyer plusieurs fois. Miss Skeeter est une jeune femme un peu à part, intelligente, qui rêve non pas de se marier, mais de devenir écrivain. Et puis il y a Miss Hilly, son amie, une personne méprisante, menteuse, hypocrite et raciste qui veut faire voter une loi pour que les domestiques noires aient des toilettes séparées afin d’éviter la transmission de maladies.

Hilly Holbrook présente sa proposition de loi pour les installations sanitaires réservées aux domestiques. Une mesure de prévention des maladies. (…) Mesdames, savez-vous que :

–  99 % des maladies des Noirs sont transmises par l’urine.

– Nous pouvons être handicapés à vie par la plupart de ces maladies, faute d’être protégés par les facteurs d’immunité que les Noirs possèdent en raison de leur pigmentation plus foncée.

– Les Blancs sont porteurs de certains germes qui peuvent être également nocifs pour les Noirs. Protégez-vous. Protégez vos enfants. Protégez votre bonne.

Ne nous remerciez pas ! Signé : Les Holbrook.

Mais Skeeter accepte de moins en moins ces lois ségrégationnistes. Aidée par une éditrice à New York, l’idée d’un livre où les domestiques raconteraient leur quotidien au sein des familles blanches lui vient peu à peu à l’esprit. Recueillir des témoignages est loin d’être facile car ces femmes ont peur des représailles. Pourtant, Aibeleen et Minny décident de prendre le risque (suivies plus tard par d’autres) et se réunissent en secret avec Skeeter afin d’écrire le livre. Très vite, une très belle amitié naît entre elles.

Ces trois femmes sont exceptionnelles et touchantes chacune à leur manière. Une multitude d’émotions m’ont traversée à la lecture de leurs témoignages : tristesse, indignation, colère, rires. J’ai été émue devant ces bonnes qui élèvent ces enfants avec tout leur amour sachant que ces mêmes enfants pourraient un jour devenir racistes. Cependant, tous les blancs ne sont pas mauvais, certains employeurs traitent les domestiques avec respect au risque de se faire mal voir.

Certes, ce n’est pas un roman historique et le sujet est assez classique, mais l’auteur, qui s’est inspirée de son vécu, est arrivé à rendre son récit à la fois prenant et touchant sans tomber dans les clichés. On partage la vie de ces femmes courageuses qui risquent leur vie pour pouvoir enfin témoigner de leur condition.

Un magnifique premier roman au ton juste, qui nous fait à la fois rire et pleurer, et que l’on quitte à regret.

Les limites entre les Blancs et les Noirs, c’est pareil. Il y a des gens qui les ont tracées, il y a longtemps. Et ça vaut pour les sales Blancs et pour les soi-disant dames de la société. (…) Donc, tu dis qu’il y a pas de limite, non plus, entre une bonne et sa patronne ? Ce sont des positions, rien de plus, comme sur un échiquier. Qui travaille pour qui, c’est sans importance.

(A de nombreuses reprises, l’auteur cite « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », un livre que je ne peux que vous conseiller !).

Editions Jacqueline Chambon, 2010

Une lecture commune (désolé pour le retard !) avec : Manu, Valérie,  Mango,  Miss Alfie et George.

Lu dans le cadre des challenges  https://i0.wp.com/storage.canalblog.com/23/66/451136/66965440.gif(Mississippi)


			

Ron Rash – Un pied au paradis

Un pied au paradis - RON RASH

4e de couverture :

Oconee, comté rural des Appalaches du Sud, années 50.
Une terre jadis arrachée aux Indiens Cherokee et qui bientôt sera définitivement enlevée à ses habitants : la compagnie d’électricité Carolina Power rachète peu à peu tous les terrains de la vallée pour construire une retenue d’eau, un immense lac qui va recouvrir les fermes et les champs. Ironie du sort : une sécheresse terrible règne cet été-là, maïs et tabac grillent sur pied dans les champs arides.
Le shérif Will Alexander est le seul à avoir fréquenté l’université, mais à quoi bon, quand il s’agit de retrouver un corps astucieusement dissimulé ? Car Holland Winchester a disparu. Il est mort, sa mère en est sûre, qui a entendu le coup de feu chez leur voisin. L’évidence et la conviction n’y font rien : pas de cadavre, pas de meurtre.

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Jocassee, bourgade du sud des Etats-Unis, est menacée par l’arrivée de la compagnie d’électricité Caroline Power. Mais dans cette vallée, un autre drame se prépare. Un homme a disparu. Il s’agit de Holland Winchester. Sa mère a entendu un coup de feu chez son voisin, Billy Holcombe, et est persuadée qu’il a tué son fils. Le shérif se rend rapidement sur place et commence son enquête. Billy est le seul suspect, mais voilà, il n’y a aucune preuve contre lui et le corps reste introuvable.

Même si un meurtre a été commis, il ne s’agit pas là d’un polar à proprement parler, mais plutôt d’un roman noir sur une population condamnée à l’exil et à l’abandon de ses terres.

Le shérif, Billy Holcombe, sa femme Amy, leur fils Isaac et l’adjoint (Bobby Murphree) sont les cinq voix de ce roman. Une construction assez originale et intéressante puisqu’elle permet à chacun des protagonistes d’expliquer sa version des faits, apportant ainsi un éclairage supplémentaire à l’histoire, sans qu’il y ait répétition. Ils vont tour à tour se confier, nous raconter leur passé, leurs blessures, leurs secrets.

Il faut dire que dans ce lieu où la terre est aride et les conditions climatiques difficiles, chacun se bat pour sa propre survie. L’auteur nous décrit le quotidien rude de ces habitants aux coutumes ancestrales, superstitieux, très attachés à leurs terres et dont la plupart vivent dans des conditions précaires.

Quand arrive le plein été et que le matin, Sirius l’étoile du Grand Chien se lève avec le soleil, il arrive que la terre forme une croûte et qu’un gars voye ses cultures de printemps brunir et se recroqueviller comme quelque chose qui brûle.

Un récit tragique qui nous plonge au coeur de l’Amérique profonde et rurale où l’on ressent la chaleur accablante, mais aussi la peur, la jalousie, le lourd poids des secret que cet immense lac finira par recouvrir.

Une histoire qui peut paraître des plus simples, mais qui grâce à la construction du récit et à ses personnages profondément humains, s’avère triste et poignante.

Malgré une dernière partie (à savoir le récit de l’adjoint du shérif) qui m’a quelque peu déçue, ce fût une première rencontre réussie.

Un grand merci à  et aux éditions du Masque pour ce partenariat.

Editions du Masque, 2009

Elizabeth Kostova – L’historienne et Drakula. Tome 2

 4e de couverture :

 J’ai toujours cru que ma mère était morte. Mais les lettres laissées par mon père avant sa disparition contiennent les plus incroyables révélations…
Dans leur jeunesse, mes parents ont traqué ensemble le funeste comte Drakula. Ma mère pourrait être encore en vie, mais une vie en suspens : mordue deux fois au cou, la troisième ferait d’elle un serviteur du mal, un éternel errant, un vampire…
Pour les retrouver, je n’ai plus le choix. Destination : la Transylvanie…
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Il y a un peu plus de 3 mois, en reposant le premier tome de « L’historienne et Drakula« , je n’avais qu’une hâte : commencer le deuxième ! Malheureusement, je n’ai pas pu le lire aussi vite que je l’aurais voulu.

Ce deuxième tome est la continuité du premier.  La trame est la même, les différents protagonistes poursuivent leurs recherches sur la mort de Vlad Tepes et les mystères qui l’entoure. L’auteur nous fait à nouveau voyager : Istanbul, Bulgarie, Hongrie, France,…

Le menace de Drakula pèse toujours autant et les personnages principaux risquent leur vie à chaque instant.

Il ne termina sa phrase car, au même instant, quelque chose sortit de l’ombre de l’ancienne abside, sans qu’aucune lumière soit apparue-une silhouette qui ne ressemblait à rien de ce que nous avons vu dans notre vie. C’était une présence si étrange que je n’aurais pu crier, même si ma gorge ne s’était pas immédiatement bloquée. Ma lanterne éclairait ses pieds, ses jambes, un bras et une épaule, mais pas le visage noyé dans l’ombre, et j’étais trop terrifiée pour lever la lumière plus haut.

Peu de chapitres sont consacrés à l’héroïne qui essaye de retrouver son père, mais il faut dire que les deux autres histoires sont bien plus passionnantes.

J’ai beaucoup aimé les passages où l’auteur nous détaille les documents consultés par Rossi, Helen et Paul: tous ces vieux papiers, ces archives, ces livres rares, quel plaisir !

Comme dans le tome précédent, il y a quelques petites longueurs, mais qui ne m’ont pas dérangé. Ce roman reste très bien documenté et d’une telle richesse !

Un petit conseil, si vous avez apprécié le 1er tome, n’attendez pas trop longtemps avant de commencer le 2e ;-)

Une lecture commune avec Hathaway.

Cormac McCarthy – La route

4e de couverture :

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre: des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur voyage?

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Autant dire que ce roman ne laisse personne indifférent : certains crient au génie, d’autres le trouvent trop noir ou encore sans action. Pour moi, ce fût une lecture poignante.

Au début, je me suis arrêtée plusieurs fois entre les chapitres, j’avais besoin de reprendre mon souffle dans cette atmosphère si oppressante. J’ai tout vécu avec ce père et ce fils : la faim, le froid, la peur, la résignation, mais aussi l’espoir.

Qui ? Quand ? Où ? Pourquoi ?  Telles sont les questions que se pose le lecteur. Car oui, l’auteur laisse planer le mystère (un peu frustrant j’avoue), il y a peu de flash-back. Nous ne savons pas ce qui a causé l’apocalypse, ni même l’endroit et le lieu où se déroule l’histoire. Les deux protagonistes sont simplement nommés « le père » et « le fils ».  Ces derniers errent dans un monde dévasté, ils ont peur et se cachent lorsqu’ils rencontrent d’autres humains.

Le style est dépouillé, les dialogues sont minimalistes et assez répétitifs, mais pleins de non-dits. McCarthy laisse le lecteur interpréter l’histoire.

Un roman qui vaut vraiment la peine d’être lu pour se forger sa propre opinion.

Je suis curieuse de voir l’adaptation !

Lu dans le cadre du défi

Elizabeth Kostova – L’historienne et Drakula (tome 1)

4e de couverture :

J’ai tout découvert un après-midi de 1972, en fouillant dans la bibliothèque de notre maison d’Amsterdam. Un livre ancien a attiré mon regard : toutes ses pages étaient vierges, sauf une, comportant un dessin. Jamais je ne l’oublierai : un dragon entourant de ses griffes un seul mot, DRAKULA.
Enfin le mystérieux passé de mon père s’éclairait : la soudaine disparition de son directeur de thèse, ses propres recherches, ses voyages… pour cerner cette figure de l’Histoire, Vlad l’Empaleur.
J’ai su alors qu’à mon tour rien ne pourrait me détourner de cette quête.
Même si, à l’ombre de Drakula, la vérité est sortie de la légende, plus terrifiante encore.

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Dès les premières lignes, j’ai été conquise par ce livre qui revisite avec brio la légende du vampire dans les Carpates.
On sent vraiment que l’auteur a étudié ce sujet durant de nombreuses années, il y a beaucoup de références historiques très intéressantes sur Vlad Tepes, le sultan Mehmed II, l’empire ottoman, etc.

L’auteur nous fait également voyager à travers le monde : Oxford, Amsterdam, Italie, France, … Et nous partons à la découverte des magnifiques villes que sont Istanbul et Budapest.

La construction narrative est particulière, en effet plusieurs récits et époques s’entremêlent : les recherches du professeur Rossi sur Vlad Tepes, celles du père de l’héroïne qui tente en même temps de découvrir pourquoi Rossi a disparu, et enfin l’héroïne qui part sur les traces de son père.

Le réel et le fantastique sont étroitement liés, difficile parfois de distinguer le vrai du faux. On perçoit sans cesse l’ombre du Mal planer sur les protagonistes du roman qui essayent de percer les mystères entourants la vie de Vlad Tepes, ce personnage à la fois fascinant et terrifiant.

La fin du premier tome n’en est pas vraiment une, alors un petit conseil, ayez le deuxième tome sous la main, car c’est la continuité de l’histoire.

Malgré quelques longueurs, c’est un roman instructif et captivant !

Je m’en vais de ce pas commencer le 2e tome.

Lecture commune avec Hathaway.

Lu dans le cadre des défis