Jean Ray – Malpertuis

4e de couverture:

« Malpertuis ! C’est la première fois que le nom coule, d’une encre lourde, de ma plume terrifiée. Cette maison imposée comme point final de tant de destinées humaines, par des volontés terribles entre toutes, j’en repousse encore l’image ; je recule, j’atermoie, avant de la faire surgir au premier plan de ma mémoire. D’ailleurs, les personnages se présentent moins patients que la maison, pressés sans doute par la brièveté de leur terme terrestre. Après eux, les choses demeurent, comme la pierre dont se font les maisons maudites. »

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À Malpertuis, vieille maison flamande, un vieillard mourant, l’oncle Cassave, a réuni toute sa famille à son chevet pour leur faire part de ses dernières volontés. Il désire que chacun d’eux s’installent définitivement à Malpertuis, sa fortune revenant aux deux derniers survivants. Mais cette maison n’est pas comme les autres, ses habitants non plus et des événements bien étranges vont s’y produire.

Un roman à plusieurs voix où les histoires se mêlent, à des époques différentes. Doucedame-le-Vieil, Jean-Jacques Grandsire (neveu du vieux Cassave) et Dom Misseron sont les trois narrateurs principaux. Chacun d’entre eux va nous raconter ce qu’il sait sur cette terrifiante maison qui a marqué leur vie à tout jamais.

Je viens de refermer Malpertuis pour la troisième fois et c’est à chaque fois une redécouverte, un réel plaisir de m’y replonger. Je pense que c’est un roman qui demande au moins une relecture afin de mieux en saisir tout le sens, de repérer les indices disséminés dans le texte. Car oui, l’auteur brouille les pistes tout au long de l’histoire et le lecteur reste dans l’inconnu jusqu’au bout. La multiplication des récits contribue à ne dévoiler que progressivement le mystère qui entoure cette demeure. Un huis clos à l’atmosphère grise et glauque, où il ne sert à rien de fuir car Malpertuis vous rattrape toujours.

Jean Ray est un excellent conteur. Grâce à sa plume si particulière, son style recherché, un sens de l’intrigue habillement maîtrisé, une construction originale et efficace, l’auteur a fait de cet incroyable roman un chef-d’oeuvre de la littérature fantastique belge.

Ne vous méprenez pas, Malpertuis n’est pas un simple histoire de maison hantée, c’est bien plus que ça. Il m’est difficile d’en parler plus sans risquer de dévoiler l’intrigue et les thèmes qui y sont abordés. Je m’arrêterai donc là, en vous conseillant juste – si vous voulez le lire – de ne pas regarder les avis sur Internet qui en dévoilent malheureusement trop.

Editions Labor, 1993

Lu dans le cadre du challenge Halloween

Etape 1 : Maison hantée

et du challenge Littérature belge

Amélie Nothomb – Hygiène de l’assassin

 4e de couverture :

Prétextat Tach, prix Nobel de littérature, n’a plus que deux mois à vivre. Des journalistes du monde entier sollicitent des interviews de l’écrivain que sa misanthropie tient reclus depuis des années. Quatre seulement vont le rencontrer, dont il se jouera selon une dialectique où la mauvaise foi et la logique se télescopent. La cinquième lui tiendra tête, il se prendra au jeu.

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Premier livre d’Amélie Nothomb, et à mon sens, un des meilleurs.

Ce livre est presque uniquement composé de dialogues. Le vocabulaire utilisé est riche, mais peut-être un peu trop compliqué à certains moments.
On entre directement dans l’action. La joute verbale entre l’auteur et les différentes journalistes – surtout le dernier – est vraiment très bien construite (malgré quelques longueurs dans la dernière). L’humour noir est bien présent, j’aime !
Prétextat Tach est un personnage odieux, méprisable, qui a des idées bien arrêtées sur la société et en particulier sur les femmes.
Même si on devine qui va « remporter » ce duel verbal, la découverte du passé de l’auteur et la fin m’ont quelque peu surprise.

Livre lu dans le cadre du Challenge ABC 2009

André-Marcel Adamek – Le sang du gourou

 
4e de couverture :

Dolorès, la femme d’un vigneron alcoolique, se retrouve pour la quatrième fois enceinte au cours d’une année de terrible sécheresse. Face à la disette qui s’annonce, elle prend la décision de sacrifier l’enfant qu’elle porte. Cependant, la faiseuse d’anges, les plantes secrètes et les exercices périlleux ne parviennent pas à empêcher cette naissance. Marco vient au monde affligé d’une sensibilité maladive et disposant d’étranges pouvoirs. Tandis que sa mère sombre dans la folie et que ses sœurs se prostituent, il est élevé par des moines et se lie d’amitié avec un rat qui hante le prieuré. Marco est ensuite accueilli au sein d’une secte puissante, l’Ordre de la Licorne, dont le gourou préconise une fusion charnelle, en un premier temps symbolique, entre les humains et les animaux sauvages.

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La première chose qui m’a attirée en voyant ce livre c’est sa couverture que je trouve superbe. Le deuxième, le résumé, si ça parle de secte, c’est pour moi ! Et le troisième, le nom de l’auteur… j’en suis à mon cinquième roman de cet écrivain belge, j’ai toujours aimé, donc une valeur sûre pour moi !

Et en effet, je n’ai pas été déçue, je me régale toujours autant.
Malgré une fin trop « rapide » pour moi, j’ai apprécié ce roman pour son côté un peu « surnaturel » (sans en faire de trop). Certains personnages sont attachants, mais peut-être parfois un peu trop caricaturaux. Une écriture belle et riche.

Un auteur à découvrir !

Xavier Deutsch – Victoria Bauer !

 
4e de couverture :

Lionel de l’Oural, photographe de 19 ans, est fasciné par la présentatrice de télé Victoria Bauer d’Hallum aux grands yeux lumineux gris. Pour la conquérir, il accepte sa demande de réaliser sept images de filles, « petites sœurs de galaxies », qui seront autant d’épreuves et de preuves de sa passion.

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Un roman initiatique où étape par étape, un jeune homme découvre les femmes et où la clé de l’initiation est l’amour. L’auteur aborde ici avec tendresse, humour, douceur, les mystères de la féminité et de la sensualité.
La photographie est omniprésente dans ce roman. Chaque photo prise par Lionel est un petit bijou d’où émane la magie de l’instant.
Très beau roman, plein de poésie, d’un auteur belge malheureusement peu connu du grand public.

Jacqueline Harpman – Moi qui n’ai pas connu les hommes

4e de couverture :
« Elles sont quarante, enfermées dans une cave, sous la surveillance d’impassibles gardiens qui les nourrissent. La plus jeune – la narratrice – n’a jamais vécu ailleurs. Les autres, si aucune ne se rappelle les circonstances qui les ont menées là, lui transmettent le souvenir d’une vie où il y avait des maris, des enfants, des villes…
Mystérieusement libérées de leur geôle, elles entreprennent sur une terre déserte une longue errance à la recherche d’autres humains – ou d’une explication. Elles ne découvrent que d’autres caves analogues, peuplées de cadavres ».
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Tout au long de l’histoire, on se pose beaucoup de questions  : vont-elles s’en sortir ? Trouveront-elles une explication à leur condition ?
Un roman qui ne m’a pas laissée indifférente. On se met à la place de ces femmes et on se demande comment on réagirait dans ce monde sans Homme, ni repère. Pour ma part, je pense que je sombrerais dans la folie ou pire encore…
Malgré une fin un peu frustrante, je vous le conseille !
Editions Le Livre de poche, 1997